Programme d'Andreas Schuldei
Présentation
J'ai 34 ans, je suis marié avec un enfant. Je suis développeur Debian depuis 2000 et je travaille professionnellement avec Linux (puis Debian) depuis 1996. Actuellement je suis payé pour travailler sur Debian-Edu. Si je suis élu, mon employeur continuera à me soutenir car il croit que le rôle du responsable du projet Debian est crucial pour Debian — cela me permettra aussi de travailler sur les questions du responsable du projet Debian pendant mes heures de travail. Beaucoup d'entre vous peuvent également me connaître par les conférences Debian que j'ai aidées à organiser.
Je me présente pour le rôle de responsable du projet Debian car :
- je crois que Debian a besoin de certains changements dans sa manière de fonctionner (même au niveau social) et j'ai de l'expérience dans l'implantation de changements dans des contextes de bénévolat ;
- j'ai de l'expérience de direction dans des contextes de la vie réelle et des logiciels libres et à source ouvert ;
- je peux être responsable du projet Debian à temps complet si nécessaire ;
- j'ai prouvé que j'étais un bon organisateur.
J'ai aussi commencé il y a quelques temps à travailler sur certains des problèmes que nous rencontrons aujourd'hui, à savoir la confusion sur les responsables FTP1 et le délai de publication des versions2.
Ce que je souhaite accomplir
L'objectif général est de faire de Debian un endroit de plaisant et de gratifiant où travailler et où passer son temps. Si bien que, si quelqu'un ne pouvait pas être ou travailler à Debian, cela lui manquerait et il en aurait très envie.
Une partie de cet objectif pourrait être :
- de promouvoir de nombreuses petites équipes à travers tout le projet dans lesquelles les gens travailleraient ensemble, communiqueraient, aideraient, intégreraient et entraîneraient les nouveaux responsables ;
- d'avoir un environnement plus amical et plus utile sur les listes de diffusion et les canaux IRC ;
- de rendre les gens conscients de leur rôle de responsable dans le projet et de les encourager à l'accepter plus délibérément et avec plus de confiance ;
- d'avoir des versions publiées plus fréquemment et plus régulièrement ;
- d'avoir des rencontres3 dans la vie réelle plus fréquentes comme les conférences Debian, les chasses aux bogues ou les rencontres de développement (comme ce qu'a fait l'équipe de l'installateur Debian à Oldenburg ou l'équipe Debian-Edu à Oslo).
Ces étapes feraient de Debian un endroit plus agréable et en même temps s'occuperaient des problèmes d'échelle4 dont souffre Debian.
L'implantation de ces changements d'un seul coup échouerait à coup sûr et ferait du tort : les changements sociaux doivent être implantés graduellement et délicatement. Néanmoins il est important de débuter dès que possible, et même si nous ne voyons pas de résultats immédiats, il est important de continuer lentement mais sûrement.
Il n'est pas nécessaire d'avoir des dirigeants parfaits à la recherche de petites équipes et une ambiance de travail amicale et utile en un seul mois. Mais nous commencerons vite à voir des changements notables et positifs si nous arrivons à réaliser beaucoup de petites améliorations, l'une après l'autre.
Comment je souhaite y arriver : une équipe responsable du projet Debian
Je crois qu'être responsable du projet Debian est devenu un travail de plus en plus difficile au cours des années, avec de plus en plus de tâches consommatrices de temps. Je crois également que Debian pourrait réaliser de bonnes choses ici ou là avec une attention sérieuse non limitée par les ressources d'une seule personne. Afin de mieux réaliser mes objectifs, j'ai sollicité l'aide d'une petite équipe de développeurs Debian. Actuellement elle est composée (dans l'ordre alphabétique) d'Andreas Schuldei, Bdale Garbee, Branden Robinson, Enrico Zini, Jeroen van Wolffelaar et Steve Langasek.
Avoir une équipe responsable du projet Debian nous permettrait de :
- répartir la charge de travail, éviter la surchauffe et les problèmes liés à l'indisponibilité de développeurs individuels dans le monde réel ;
- rester régulièrement en contact avec une plus grande partie de projet, être plus proactif face aux difficultés, et les déceler plus tôt ;
- aider à construire un consensus plus large en fonctionnant comme un « président » dans Debian ;
- s'assurer que les décisions qui doivent être prises le sont réellement, même si cela demande de garder des traces de beaucoup de choses, prend du temps et requiert peut-être d'être à plusieurs endroits en même temps ;
- avoir la personne la plus appropriée comme responsable dans son domaine d'expertise. Chacun dispose de talents uniques et de motivations qui rendent certaines tâches plus agréables pour soi que pour les autres et lui permet de les traiter plus efficacement.
Détails de l'implantation :
- le responsable du projet Debian est le président de l'équipe responsable du projet ;
- le responsable du projet Debian reste formellement responsable de toutes les décisions ;
- à chaque fois que possible, des tâches plus petites sont déléguées au membre de l'équipe le plus approprié ;
- les décisions importantes et controversées sont prises en accord avec l'équipe complète ;
- l'équipe se rencontre régulièrement et fréquemment (au moins une heure par semaine) pour débattre des nouveaux problèmes et passer en revue les tâches en cours ;
- l'équipe existe réellement, chaque membre peut la représenter et communiquer le point de vue de l'équipe quelque soit sa propre opinion ;
- des minutes des rencontres privées sont rendues publiquement disponibles lorsque la réserve le permet ; de même, un agenda public est rendu disponible à l'avance pour lister tous les objets non sensibles, afin de permettre et d'inviter à des débats et des retours d'expériences publics avant que des décisions ne soient prises.
Nous recherchons la transparence et sommes ouvert à plus de gens, mais nous n'avons pas l'intention de trop grossir (disons environ sept personnes) pour conserver l'efficacité du travail de groupe. Des fluctuations et un remplacement lents ainsi que la fidélité des membres sont souhaitables, quoi qu'il en soit, il ne faut pas s'attendre à ce que les membres de l'équipe restent plus longtemps qu'ils ne le peuvent.
Direction
De bons dirigeants existent dans le monde du logiciel libre, y compris Debian, et ils se distinguent sans que personne ne le remarque, pas même eux. Il y a de bons exemples dans Debian avec Steve Langasek dans l'équipe de publication, Petter Reinholdtsen dans Debian-Edu ou Joey Hess pour l'installateur Debian.
Les dirigeants d'organisations bénévoles comme Debian n'ont pas à leur disposition les instruments du pouvoir qui sont utilisés dans les environnements d'entreprise qui leur donnent leur mauvais goût. Cela n'empêche pas certaines personnes de les appliquer tout de même : il en résulte habituellement le départ des gens et de la frustration en général. La réponse à la crainte d'avoir de mauvais dirigeants n'est pas de ne pas avoir de dirigeants du tout, mais d'en rechercher de bons. Les grands dirigeants ne sortent pas de nulle part, mais ils ont besoin de se former. Les petites équipes sont des environnements favorables pour le développement de leurs qualités et pour apprendre des autres.
Les gens sont plus enclins à poursuivre des objectifs fascinants. L'objectif de Debian est de produire un excellent système d'exploitation libre et d'y prendre du plaisir. La tâche du responsable est de conserver cette vision active et vivante ainsi que d'encourager les gens à y prendre part.
Rendre la vie plus facile !
Les responsables des projets bénévoles peuvent et doivent :
- donner mandat aux bonnes personnes pour réaliser le travail qui correspond le mieux à leurs talents, leurs motivations et leur tempérament ;
- trouver et aider les autres responsables à trouver leurs domaines d'intérêt ;
- inspirer confiance aux gens sur la direction que prend ou devrait prendre Debian, leur sous-projet ou les petites équipes ;
- rendre leur domaine d'influence aussi amusant, plaisant et gratifiant que possible pour travailler ou pour vivre ;
- se rendre inutiles.
Introduire cela doucement dans Debian prendra du temps.
De petites équipes
De petites équipes sont probablement la plus importante des caractéristiques dont un groupe comme Debian a besoin pour pouvoir croître de façon saine. Montées correctement, cela peut résoudre de nombreux problèmes.
Ce que peuvent faire de petites équipes
- elles fournissent un point d'entrée simple pour que les nouvelles personnes apprennent les ficelles du métier et développent leurs compétences (nouveaux responsables) ;
- elles sont l'endroit où l'on peut rencontrer des gens le plus rapidement et le mieux (grâce au nombre restreint de personnes que constitue le groupe) ;
- grâce aux forts liens sociaux des petits groupes, le risque de voir les gens disparaître est souvent réduit ;
- les gens peuvent former un ensemble de connaissances en coopérant pour l'entretien de paquets, les tâches d'infrastructure ou d'organisation, et cet ensemble à moins de risques d'être perdu que lorsqu'une personne est seule. Cela pourrait rendre Debian plus solide face aux paquets fous, non entretenus ou aux chasseurs de têtes ;
- comme ces équipes peuvent croître et se diviser d'elles-mêmes, elles s'organisent seules et assurent une très bonne évolutivité de leur nombre ;
- elles servent de lieu d'essai pour les gens qui découvrent leurs motivations intérieures, leurs talents et leurs motivations pertinentes pour que Debian fonctionne ;
- elles rendent la communication plus facile.
Ce à quoi les petites équipes devraient ressembler
Pour qu'une équipe soit capable de répondre complètement à ces fonctions, elle a besoin d'avoir quelques caractéristiques :
- elle ne doit pas trop grossir (sept semble être un bon chiffre) au risque de devenir plus impersonnelles ;
- les membres de l'équipe doivent être conscients que le groupe devra se scinder lorsqu'il aura atteint une certaine taille et que l'occasion se présentera ;
- les membres de l'équipe doivent être compatibles socialement (le courant de base doit passer) ;
- les gens doivent être capables de se contacter fréquemment (par IRC si possible) ;
- l'équipe ne devrait pas seulement se préoccuper elle-même des questions techniques mais de toutes les choses humaines. Elle devrait être capable de discuter de série télé, de politique ou de football, trouver des amis et tomber amoureuse ;
- l'équipe devrait s'ouvrir aux autres ;
- elle devrait avoir un responsable tel que décrit dans Direction.
Introduire une telle organisation de petites équipes dans Debian prend du temps et est un processus progressif. Bien que l'entretien en groupe des paquets ne soit pas une nouveauté et que le travail en équipe existe, ce concept va plus loin.
Si vous m'élisez comme responsable du projet Debian, je me trouverai dans une position bien plus efficace pour défendre et implanter de telles équipes dans le projet Debian.
Ambiance de travail
L'attractivité d'un groupe dépend de façon significative de la manière dont ses membres se sentent bien accueillis, respectés et appréciés. Même si ce mot est incroyablement banalisé et qu'on en abuse fréquemment, je dis toujours que la relation dont nous avons besoin est l'« amour » car c'est lui qui transmet le mieux ce concept. La qualité de la communication dans les groupes est fortement corrélée à cette caractéristique clef.
Des Indicateurs
Le tons des débats dans Debian est une bonne indication de la manière dont s'« aiment » les gens. L'atmosphère est-elle amicale et constructive ou caustique et corrosive ? L'humour, les rires et l'amusement sont des composants positifs qui font d'un groupe un environnement plaisant. Les actes de bonté aléatoires sont aussi possible dans les communautés virtuelles et peuvent même se poursuivre dans la vie réelle.
Où cela fonctionne le mieux
Les sous-projets les plus petits, les plus personnels et où les gens se rencontrent régulièrement obtiennent un bien meilleur rapport signal sur bruit dans leur communication et sont plus chaleureux que les grosses listes de diffusion et les canaux Debian IRC.
Des changement sont possibles
Il est possible de modifier de façon déterminée les relations et le ton des débats dans Debian. Nous pouvons informer les gens des bases de la dynamique des groupes et les aider à trouver de meilleures formes d'expression. Chacun devrait savoir quand un courriel ou une remarque ne vaut pas la peine d'être envoyé par exemple.
Conclusion
Ce que je propose dans ce programme est en même temps « radical » et « simplement du bon sens » : la plus grande partie consiste à rendre Debian moins stressant et plus amusant. Les seules modifications qui seront acceptées seront celles que les gens veulent, dans Debian comme dans tous les endroits où les gens sont libres.
Je crois que ces modifications sont des idées si évidentes que nous les souhaitons tous, indépendamment de celui qui sera élu responsable du projet Debian. M'élire est une manière de montrer votre accord, et de commencer.
1. La confusion sur les responsables FTP
Depuis quelques temps il y a de l'irritation, de l'énervement général ou même de l'hostilité ouverte entre les responsables FTP et certains autres développeurs Debian concernant le travail des responsables FTP et la manière dont ces développeurs pensent qu'il devrait être fait. Il s'agit d'un exemple d'ambiance de travail négative dans Debian.
Cette situation a abouti à une impasse où les uns demandent des comptes et de la transparence et où les autres refusent de s'y conformer tant que l'ambiance hostile perdurera.
La solution en plusieurs étapes à ce problème prend du temps et fournira une solution évolutive à long terme. J'en ai discuté avec les responsables FTP et certaines personnes qui pourraient réaliser ce travail. En plus, elle correspond bien à l'approche des « petites équipes » que je promeus partout et elle ressemble aux modèles de maître et d'assistant de publication ainsi que de responsable de candidature, secrétariat du nouveau responsable et responsable des comptes de Debian, modèles qui fonctionnent déjà de façon satisfaisante.
Il s'agit simplement d'un exemple de ce que je ferai si je suis élu responsable du projet Debian. Bien que je puisse déjà aujourd'hui apaiser les passions, avoir l'autorité que confère d'être choisi responsable de tous les développeurs est une aide pour mener ce projet vers la résolution favorable des conflits internes.
2. Les délais de publication des versions
Debian a besoin de publier des versions plus fréquemment et plus régulièrement. Les délais actuels engendrent de la frustration et le déclin du moral dans les contrées de Debian. Pour montrer la voie vers un cycle de développement et un processus de publication plus doux, j'ai pris l'initiative, trouvé des parrainage (de NUUGF) et organisé une rencontre entre l'équipe de publication et les responsables FTP qui doit se tenir bientôt.
3. Les rencontres de la vie réelle
En plus d'être divertissantes, ces rencontres servent quelques fonctions vitales, en particulier pour les communautés virtuelles comme Debian :
- elles aident les gens à connaître les personnes qui sont derrière les personnages en ligne, et à mieux se comprendre ;
- elles aident à voir la grande communauté Debian ;
- la vie réelle fournit une bande passante infinie pour communiquer et minimiser les malentendus ;
- les gens sont nouvellement attirés vers Debian en rencontrant d'autres gens et en écoutant de bons discours ;
- les groupes peuvent être très productif pour résoudre des problèmes.
Alors bien que les rencontres ne soient pas un but en elles-mêmes, leurs résultats le sont sans aucun doute et ils se sont montrés de grande valeur pour Debian.
4. La gestion des besoins de croissance
La planification des charges est fréquemment un défi pour les grands organismes, et une fois que vous avez pris du retard, il est très difficile de le rattraper. Beaucoup des enjeux de Debian les plus chauds ces dernières années ont été des problèmes de charge : s'assurer que le réseau des constructeurs automatiques avait la capacité de gérer nos nombreux paquets ; s'assurer que le processus du nouveau responsable avait la capacité d'absorber le nombre de candidats ; s'assurer que l'équipe de sécurité avait la capacité de gérer nos nombreuses architectures ; etc. Bien que beaucoup de ces problèmes soient nettement de nature technique, l'identification et la résolution des bouchons avant qu'ils ne deviennent des problèmes requièrent une gestion attentive, et le responsable du projet Debian est le mieux placé pour avoir cette vue d'ensemble.
Réfutation
Les programmes et la campagne de cette année semblent être caractérisés par le fait que la plupart des candidats (Branden, Anthony, Matthew mais aussi Angus) reconnaissent les défauts du projet Debian à un niveau social. Le symptôme le plus évident qu'ils identifient est l'efficacité limitée de la communication sur certaines listes de diffusion du projet.
Je prends cela comme un signe que mon approche pour essayer d'influencer les caractéristiques sociales du projet est en fait la bonne direction.
Ce qui est différent dans mon approche, comparé aux leurs, est qu'elle n'aborde pas qu'un seul symptôme du problème en ajoutant des règles supplémentaires pour la communication à l'intérieur du projet, mais qu'elle modifie un contexte plus large. En introduisant une direction sensée et par délégation, en affermissant et en étendant de petites équipes, en travaillant sur de bonnes relations et en augmentant la fréquence et la qualité de rencontres réelles, on peut réaliser des changements profonds vers quelque chose de meilleur. Dans ce contexte, j'aimerais pointer la très utile question d'Henning « [...] comment vous, en tant que responsable du projet Debian, ferez-vous la différence [...] ? » et ma réponse passionnée.
Tous les autres candidats (même Branden) soit semblent sous-estimer la charge de travail qu'induit le poste de responsable du projet Debian ces dernières années soit auront besoin d'y travailler à plein temps. Notre responsable actuel, Martin, est à la fois très intelligent et très organisé et est toujours surchargé de travail, négligeant même partiellement ses recherches.
La grande idée de se fier à une équipe responsable du projet Debian nous aiderait, Branden ou moi, à la fois à atteindre nos buts respectifs et à rester dans un processus sain.
Branden et moi avons été incapables d'identifier les domaines où nous sommes en désaccord profond. C'est une bonne chose car nous avons l'intention de travailler dans la même équipe. Alors que j'ai l'intention d'utiliser le pouvoir du responsable du projet Debian de manière proactive pour gérer les problèmes quotidiens, je rechercherai aussi des modifications informelles permettant au projet de se charger des principaux défis sociaux alors que Branden propose des améliorations basées sur un formalisme des procédures plus important.
Je me différencie de Branden également par mon engagement dans la construction d'une communauté active en m'impliquant dans les conférences Debian et dans de nombreux autres rassemblements et rencontres de développement.